mardi 13 janvier 2015

Mon schéma de vaccination

Il y a beaucoup de malentendus à propos de l’utilité de la vaccination. Elles sont dues principalement au manque de connaissances du travail du système immunitaire et des vaccinations. Surprenant, chacun fait vacciner ses enfants mais préfère discuter à propos de la vaccination des poules. Cet article n’est pas destiné à mener ces discussions. J’énonce simplement comment je pratique depuis des années de telle sorte que chacun puisse y trouver son intérêt. Voici cependant quelques brefs arguments.



Je compare assez souvent la vaccination avec la formation. On apprend à l’organisme comment il doit réagir à une attaque de parasites, de bactéries ou de virus, et le système immunitaire va stocker cette information dans sa mémoire. Si une nouvelle attaque se produit, le système de défense pourra plus rapidement générer les petits « soldats » grâce auxquels une armée idoine pourra être formée après quelques jours pour se battre contre le développement de la maladie. Sans vaccin préalable cela prend généralement plus d’une semaine pour générer la même défense et ces jours supplémentaires font souvent la différence entre vie et mort. Les éleveurs disent souvent : « pour des poules en bonne santé le système immunitaire trouvera la solution tout seul ». Cela arrive parfois en effet, mais cela implique un inconvénient majeur : le temps. Dans la lutte entre le système de défense et la maladie, la vitesse est un facteur primordial. Qui ne comprend pas cela ne doit pas continuer la lecture de cet article.

Il vaut mieux prévenir que guérir


Dernièrement un éleveur me disait : « il n’est pas nécessaire de vacciner contre des maladies pour lesquelles il existe des médicaments. » Je me suis alors dit : qu’est ce qui procure le plus de plaisir, un des champions potentiels en croissance rapide ou un hôpital ? De plus, pour certains virus il n’existe pas de médicaments faciles à obtenir. Qui plus est, la plupart des vaccins sont moins chers que les médicaments utilisés par la suite et largement moins chers que tous les aliments que l’on donne à ces animaux malades qui ont une piètre conversion énergétique. J’apprécie aussi l’utilité de « booster ». Je « boost » en faisant des rappels. A l’école aussi on répète les matières. Étudier c’est en premier lieu comprendre, ensuite faire des exercices, ensuite rappeler régulièrement, de telle sorte qu’une connaissance acquise le reste.

Marek


Le premier jour, mes poussins sont vaccinés contre la maladie de Marek. Cela se fait par injection. De plus en plus d’éleveur font faire cela, principalement après que leur élevage ait été touché. Etant donné que ces dernières années est apparu à côté du Marek classique un Marek plus pointu il est préférable de faire inoculer avec l’inoculant Rispens par ce que celui-ci procure une bien meilleure immunité que le HVT. L’inoculant HVT est lyophilisé (séché par le froid) et il est plus facile de le conserver dans un réfrigérateur ordinaire. Le vaccin Rispens est un virus vivant qui doit être conservé dans l’azote liquide. Le vétérinaire doit donc posséder (un conteneur de congélation) dont il doit régulièrement faire l’appoint. Ceci n’est pas rentable pour quelques ampoules de vaccin. Si vous ne trouvez pas de  vétérinaire possédant Rispens il est alors évidemment préférable d’employer HVT plutôt que de ne rien faire.  Il commence à y avoir de plus en plus de vétérinaires qui veulent bien employer Rispens dès qu’ils ont la garantie que cela devient rentable. En pratique cela se résume à ce qu’un groupe d’éleveurs garantit l’utilisation et qu’il y ait par-exemple une vaccination tous les quinze jours. Chacun y apporte alors ses poussins. De la sorte on obtient une situation « gagnant-gagnant ». Les frais sont reportés par le  vétérinaire dans le prix par poussin (j’entends parler de 0.5 à 1 euro par poussin), cela devient donc accessible pour des éleveurs de petites couvées. Les amateurs adaptent leur période d’élevage de telle sorte que la date des naissances coïncide avec la date de vaccination. Certains éleveurs résolvent le problème en apportant leurs œufs à une couveuse où ils savent que l’on y pratique Rispens.

Coccidiose


Vacciner contre la coccidiose est absolument à conseiller. Après l’avoir fait une fois, vous ne vous en priverez plus. Il y a plusieurs sortes de vaccins : Paracox 8 (environ 20 euros pour 1000 doses), Parcox 5 (environ 50 euros pour 1000 doses) et Hipracox environ du même prix. Pendant des années j’ai vacciné avec Paracox 8 et à cause du prix je suis passé à Paracox 5 ou l’équivalent Hipracox. Le chiffre indique le nombre de germes différents qui se trouvent dans le vaccin. Paracox 8 est plus difficile à obtenir parce que la plupart des grands fermiers vaccinent avec le 5 (étant donné le prix). Il n’est jamais trop tard pour vacciner mais la période idéale est à l’âge de 4 à 9 jours, parce que les poussins se trouvant dans un environnement propre ne sont pas encore entrés en contact avec de vraies coccidies. Il est préférable de commencer tôt parce qu’il faut environ un mois pour qu’ils construisent une bonne immunité. C’est dû entre autre au fait qu’ils s’infectent continuellement avec leur propre déjections avec les faibles coccidies du vaccin. Attention il ne peut pas être administré d’autre anti-coccidiose via la nourriture ou leur eau parce que vous détruisez les coccidies du vaccin avant que les animaux aient pu construire leur immunité. La vaccination proprement dite est très simple via leur eau. Vous les assoiffez pendant une petite heure, vous mettez double dose dans l’eau et lorsque la moitié environ est bue vous enlevez le surplus. Sur-doser n’est vraiment pas bon. Éventuellement plus tard, un rappel avec la portion excédentaire ne peut pas faire de tort. Vous pouvez utiliser le vaccin à plusieurs reprises pour autant qu’il ne soit pas sali. Donc à chaque fois il faut prélever du sac ou de l’ampoule la partie nécessaire à l’aide d’une aiguille d’injection, de telle sorte que le vaccin n’entre pratiquement pas en contact avec l’air ambiant. De la sorte, à mon avis, le vaccin ne se gâtera pas. Plusieurs éleveurs pensent qu’ils obtiennent le même résultat s’ils soignent bien leurs poussins et traitent éventuellement aux moments critiques. Ils escomptent que les poussins s’infectent « légèrement » au dehors et construisent spontanément leur immunité et qu’ils sont donc moins exposés plus tard. En cela il y a du vrai mais certains facteurs sont négligés. Premièrement la vaccination est beaucoup plus facile, cela demande beaucoup d’expérience que d’élever sans dégâts des poussins dans des parterres qui sont infectés. On ne se rend jamais compte quand et combien de coccidies ils ingurgitent et généralement les dégâts dans leurs intestins sont déjà importants lorsque l’on voit que cela part dans le mauvais sens. Cette dégradation dans les intestins et la cure médicamenteuse qui s’en suit cause parfois une décoloration dans les nouvelles plumes. Dans la couleur fauve par exemple on obtient à cette période de croissance du blanc dans les plumes (mycose). Vos poussins développeront des défenses uniquement pour les types présents dans les parterres ou les cages. C’est précisément pour cela que plus tard des sujets plus âgés contractent un déclenchement de coccidiose parce qu’ils s’infectent lourdement à cause des coccidies qu’ils ne connaissaient pas. Ce risque montre également l’avantage du Paracox 8 par rapport à d’autres sortes, vos poussins sont protégés contre d’avantage de sortes de germes.

Bronchite infectieuse


Plus avancés en âge je les vaccine contre IB, bronchite infectieuse. Je suis convaincu que c’est principalement dans les grandes expositions que les animaux contractent la bronchite infectieuse. Tout éleveur expérimenté a rencontré cette situation, vos animaux reviennent à la maison et ils ont des problèmes respiratoires, le râle ou la morve peu importe comment on l’appelle. Cela peut avoir des dizaines de causes, viral ou bactériologique. Dans les petites expositions régionales cela va encore, mais le risque est plus grand dans les grands shows qui généralement durent 2 ou 3 jours de plus et qui nécessitent un transport plus long. Je pense que vous réduisez considérablement ce risque si vous vaccinez contre IB et ILT. IB c’est comme la grippe, il y en a des variantes innombrables. C’est pour cela qu’il est avantageux de vacciner plusieurs fois avec des vaccins différents. J’emploie d’abord MA5 comme primaire et quelques semaines plus tard 4-91. Beaucoup de fermiers donnent MA5 et 4-91 simultanément le premier jour et ensuite un rappel après 28 jours. Ils pratiquent ainsi pour avoir au plus vite des poussins protégés. Pour nous, amateurs, c’est un problème car nous avons souvent des couvées étalées sur huit semaines ou d’avantage. La vaccination peut facilement se faire via spray ou l’eau de boisson mais lorsque vous avez préparé le produit (dissout dans l’eau) il faut le consommer entièrement et immédiatement. Vous ne pouvez donc rien conserver pour la fois suivante parce que le produit se dégrade très rapidement, environ 2 heures est une durée généralement admise, éventuellement améliorée en ajoutant un peu de lait à l’eau. Il est facile de partager la solution préparée avec des amis et dès lors cela devient vraiment bon marché parce que la matière de base coûte entre 15 et 25 euros par flacon. Pour éviter de devoir acheter trop de flacons j’attends généralement que ma dernière couvée soit âgée de 15 jours et alors je les fais tous. Je préfère ne pas faire simultanément plusieurs vaccins différents. Généralement je laisse un intervalle de deux semaines. Le système immunitaire n’a alors qu’une nouvelle donnée à apprendre, à vaincre et à stocker dans sa mémoire, selon moi c’est préférable.

Maladie de Newcastle


Durant cette même période j’intercale du Clone 30 contre le NCD. Chez nous en Belgique vous devez naturellement aussi vacciner contre le NCD avant les expos, à faire obligatoirement par un  vétérinaire, par une injection de Newcavac et la rédaction d’un rapport dans lequel tous les numéros de bague sont renseignés. (Note de la rédaction : la vaccination contre la maladie de Newcastle est également obligatoire en France). Bien entendu je le fais faire à peu près début septembre. Mais cette vaccination est prévue pour les shows et pendant tout le temps qui précède les poussins ne sont pas protégés et si vous attrapez du NCD dans vos cages ils ramassent tout un tas de choses. Vous pouvez aller raconter partout que vous avez eu de la malchance, mais cela n’a rien à voir avec la malchance. Pour environ 15 euros vous avez du Clone 30 et vous l’administrez très facilement via l’eau de boisson, une semaine plus tard votre élevage est protégé. La souche du virus Clone 30 est une souche douce qui a peu de réaction au vaccin (souche lentogenous), grâce à cela, elle peut être administrée à des sujets très jeunes pour la primo vaccination, cela peut se faire pour les poules dès les premiers jours de vie. Les anticorps maternels peuvent influencer défavorablement le résultat, il est donc préférable de ne pas vacciner trop tôt, par-exemple lorsque les poussins les plus jeunes ont 4 semaines. Pour les très jeunes poussins on peut employer la méthode du spray ou du collyre, à partir de 7 jours. Le vaccin peut être donné dans l’eau de boisson. Pour la vaccination par l’eau de boisson on utilise de l’eau pure sans désinfectant et qu’il est préférable de mélanger avec un peu de lait écrémé (au moins 5%, même plus jusqu’à 50%) car le vaccin résiste plus longtemps. Il est préférable d’ouvrir le flacon sous l’eau et de bien mélanger pour une répartition homogène du vaccin. La solution de vaccin doit être utilisée immédiatement, l’idéal étant de la consommer dans l’heure ou les deux heures qui suivent. Pour cela il est préférable de le faire le matin, d’abord les assoiffer (sans exagérer) et ensuite donner de la nourriture sèche pendant la vaccination, manger fait boire. Après la vaccination l’immunisation est optimale après 2 semaines et perdure pendant 5 semaines au minimum. Pour avoir une protection plus étendue avec Clone 30 il faut donc vacciner plusieurs fois.

Gumboro


Comme je vois de temps à autre, chez d’autres éleveurs, des problèmes avec Gumboro (hygroma infectieux) je vaccinerais une fois l’an avec Hipragumboro ou Nobilis Gumboro D78. C’est un vaccin bon marché (entre 10 et 20 euros) et facile à administrer dans l’eau de boisson. S’il y a beaucoup de risque de Gumboro dans votre région la fréquence de vaccination est très importante parce que les poussins sont très sensibles. Il serait donc préférable de vacciner tôt mais les anticorps maternels pourraient influencer défavorablement le résultat il est donc préférable de ne pas vacciner trop tôt par exemple quand les poussins ont 2 à 3 semaines. Comme je ne vaccine qu’une fois j’attends que ma dernière couvée ait 3 semaines et je l’intercale parmi les autres vaccins.

Variole


Généralement environ fin juillet début août je vaccine contre la variole. Je fais cela depuis que dans les années 90 j’ai eu la variole dans mes animaux. Je n’ai pas eu de mortalité parce que c’était alors la variété externe avec uniquement des croûtes sur la crête et les barbillons et ils ont survécu. Mais ma saison d’exposition était perdue parce que je ne voulais pas prendre le risque de contaminer d’autres animaux. La variole diphtérique est une maladie virale qui se manifeste généralement en fin de saison, août, septembre ou octobre parce qu’il y a plus de moustiques qui viennent dans les poulaillers à la recherche de chaleur (et du sang de vos animaux). Vous avez alors travaillé toute une année et juste avant la saison des expos tout est foutu. Cela peut être évité pour un peu plus de 10 euros à l’aide p-ex de Poulvac Chick-N-Pox T.C. ou Merial Fpvax. Il faut simplement travailler un peu. Avec le vaccin lyophilisé il y a une solution aqueuse et une aiguille double avec à chaque pointe une rainure. Vous noyez l’aiguille dans la solution et vous percez le Wing-Web d’une aile. Après quelques jours il apparait chez beaucoup d’animaux une petite bosse à l’endroit de la piqure. Le Wing-Web est le pli de la peau à l’avant de l’aile, où les marques de l’aile sont piquées chez les poussins. Il n’y a là pas d’artères et cela ne gêne donc pas les animaux. Mais il faut tous les attraper bien sûr et il serait préférable d’être deux l’un attrape l’animal et ouvre l’aile, l’autre pique (de préférence pas dans le doigt du premier !). Si vous cherchez le vaccin, ne vous laissez pas raconter que le vaccin pour les pigeons ou les canaris convient aussi, il vous faut du vaccin pour poule.

Trachéite laryngo infectieuse


Mi-août vient alors le vaccin que j’exècre, celui contre ILT (trachéite laryngo infectieuse). Il y va d’un vaccin relativement peu cher, généralement moins de 20 euros. Vous recevez une capsule avec un virus lyophilisée et un petit pot avec une solution bleue. Mélanger, compte-gouttes en place et vous pouvez commencer. Chaque animal doit recevoir une goutte dans 1 œil. Il est donc préférable de travailler à deux. Pour des animaux sains chez moi, le déroulement de la vaccination ces dernières années a été le suivant :
Le soir on vaccine.
Pendant les trois jours suivants RAS.
A partir du quatrième jour il y a visiblement une réaction au vaccin : beaucoup de mousse dans les yeux et les animaux sont apathiques.
Les jours 5,6 et 7 sont les plus graves : paupières collées, les têtes très chaudes, ils boivent peu, mangent peu et ici ou là un râle en prime.
A partir du huitième jour cela va mieux pour la majorité et à partir du dixième jour tout devrait être rentré dans l’ordre.
Mais la vaccination ILT est lourde et dangereuse par les complications. Particulièrement les bactéries Mycoplasma profitent de la situation pour agir. Les animaux commencent alors à râler et ils ont à l’évidence plus de difficultés avec le virus du vaccin, ils respirent difficilement. Parfois il est nécessaire de les aider avec un antibiotique faute de quoi la réaction peut perdurer pendant trois semaines.
J’ai commencé dans le passé à vacciner contre ILT parce que sans cela vous ne pouvez pas participer aux grands shows allemands. Il est possible d’en réchapper mais tôt ou tard vous en êtes victime. ILT n’est pas une maladie négligeable, vos chers animaux étouffent pendant que vous êtes à leur côté et vous ne pouvez rien faire. Entre temps 20 ans ce sont écoulés et ILT est devenu un problème récurrent en Belgique et au Pays-Bas.

Souvent j’ajoute encore Nobilis RTV 8544 contre la rhino trachéite, mais cela depuis peu. Mon vétérinaire me l’a conseillé et c’est à nouveau une vaccination aisée via l’eau de boisson.
Quels vaccins sont utiles dans votre situation, c’est à vous d’en juger bien sûr. Songez que les volailles de production reçoivent ce schéma et que les fermiers font cela parce que c’est le schéma qui, à long terme, est le plus efficace et donc le moins cher dans le traitement du risque. J’ai dans le temps comparé la vaccination avec les assurances. C’est faux, avec une assurance vous couvrez le risque financier avec une vaccination vous prévenez les dégâts c’est très différent.

Je vous souhaite beaucoup de réussite et de garder vos animaux sains !

Paul Cuypers

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