lundi 26 janvier 2015

Trucs et astuces pour l'élevage des poussins orpington

Il subsistera toujours des opinions différentes quant à la vitesse idéale de croissance des poussins. Certains mettent en garde des inconvénients d’une croissance trop rapide. Assurément cela dépend de la race concernée. Nous allons voir ce point en détail.

La plupart des éleveurs préfèrent que leurs poussins grandissent rapidement et à mon avis ils ont
raison. Mon premier groupe de poussins Orpington naît généralement dans la troisième ou quatrième
semaine de mars et la plupart des coqs sont prêts début octobre pour la première exposition. Je
rencontre régulièrement des éleveurs qui ont besoin de deux ou trois mois de plus et qui s’inquiètent
du « grand mystère ». Je dois moi-même encore découvrir la super potion magique. Je peux pourtant
décrire les meilleurs trucs et astuces que j’ai appris au cours de mes vingt dernières années d'élevage.

Alimenter


On pourrait croire en effet que les plus grands poussins deviendront les plus grands du groupe. Il
s’agit d’une illusion, particulièrement dans les races où la variation de la taille des oeufs est grande. La taille des parents respectifs détermine la taille finale de la progéniture adulte mais la taille de l’oeuf détermine la taille du poussin d’un jour. Donc de grandes poules qui pondent de petits oeufs donnent de petits poussins qui ont les caractéristiques génétiques qui en font plus tard les plus grands du groupe. Après environ un mois, les petits poussins ont rattrapé leur retard. De beaux grands oeufs sont évidemment un but louable en soi mais on ne peut pas tout avoir en même temps. Ne rejetez donc pas trop vite les plus petits poussins.

Oeufs d’orpington (GR à gauche, RN à droite). C’est la génétique qui détermine la taille d’un sujet adulte et non pas la taille de l’oeuf !
Dès qu’il y a des poussins chacun recherche la meilleure nourriture. Lorsque les poussins ont 3 ou 4
jours je leur donne le premier complément vert : principalement du persil, des orties ou de la mélisse
que je ache très finement. Au fur et à mesure que les poussins grandissent je donne des morceaux de
plus en plus grands. Lorsqu'ils ont environ 4 à 5 semaines, ils mangent des feuilles entières sans
problème. Continuez à mélanger la verdure finement hachée avec l’alimentation d’élevage afin de
varier la nourriture, particulièrement lorsque il n’y a pas de verdure dans l’espace destiné aux poules.
La proportion de base de l’alimentation de l’élevage doit être observée mais cela ne signifie pas que
nous devons toujours donner les mêmes grains. La diversification fait manger. Des légumes, des
herbes, des baies, finement hachés mélangés à la nourriture font que les poussins trouvent cela plus
appétissant. Ils trouvent cela meilleur et mangent plus et plus régulièrement. Ils s’occupent d’avantage de la nourriture et ne s’embêtent pas l’un l’autre. Via la verdure ils reçoivent beaucoup de vitamines et ont un transit intestinal plus stable.

La qualité et la variété de l’alimentation des jeunes est essentiel pour obtenir des sujets excellents et en bonne santé.
L’ortie est facile à cultiver … et offre un apport de vitamine et de protéine végétale particulièrement intéressante pour les jeunes sujets. Il faut les couper en petite part, proportionnelle à la taille des poussins, avant de les distribuer.

Donnez également très tôt des petites pierres et du gravier. J’emploie des petites choses destinées
aux canaris dès la première semaine. Veillez aussi à ne pas donner uniquement du gravier (calcaire
donc) mais aussi des cailloux tranchants. Ceci est très important et trop souvent oublié. Beaucoup
d’éleveur commence cela lorsque les poussins sont déjà trop âgés. Beaucoup d’éleveurs donnent du
gravier mais oublient les cailloux.

________________________Encadré________________________________
L'ortie, plante magique ?
L’ortie est la plante verte terrestre la plus riche en protéine. Très riche également en chlorophylle , antioxydant, fer , magnésium, potassium, calcium et vitamines C, A, B2, E, K.
Les feuilles sont composées :
- Des flavonoïdes - des oligoéléments : cuivre, zinc, manganèse, sélénium.
- Des enzymes - des minéraux : calcium, fer, phosphore, potassium, silicium, magnésium, silice.
- Des glucides - des vitamines A, B, C et K. Les feuilles contiennent plus de vitamine C que l'orange.
- Des coumarines - de la Xanthophylle, la chlorophylle.
- Des protides - Choline et acétylcholine.
- Des lipides (phospholipides) - de l'hydroxtryptamine.
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De l'air et des soins


Beaucoup d’air, de l’air frais. On achète ou bricole beaucoup de bacs d’élevage avec des grilles et des
fenêtres et des zones chauffantes etc. Tout cela est très joli et économique à l’emploi mais
pratiquement à chaque fois l’air ambiant est carrément catastrophique. Souvent je tombe à la renverse
en arrivant chez des éleveurs lorsqu'ils ouvrent le bac d’élevage. Un enfant comprend que cela n’est
pas idéal pour une croissance rapide. Mais cela est récurant. Donc suffisamment de chaleur en
consommant un peu plus d’électricité et donnez de l’air. De l’air, de l’air, de l’air, frais et propre.

Les « petits culs sales » doivent être soigneusement observés pendant les trois / quatre premiers
jours faute de quoi une partie des poussins deviendront très sales, le cloaque se bloque et les
poussins ont un retard de croissance ou plus grave. Il ne s’agit pas d’une maladie mais les petits
intestins doivent s’habituer à la nourriture, facilement pour certains, difficilement pour d’autres. Après quelques jours le problème intestinal disparaît de lui-même mais pour une partie des poussins il y a une telle quantité de fiente collée au cloaque que cela s’aggrave de plus en plus. En contrôlant et nettoyant régulièrement les poussins pendant les 3 à 5 premiers jours ceux-ci n’ont plus de problème dès qu’ils commencent à déféquer normalement. Les poussins doivent en tout temps être
parfaitement propres.

Compléments alimentaires


Les vers de farine sont un produit miracle. Certains poussins sont quelque peu apathiques, trop
calmes, paresseux. Quelques vers de farine changent le groupe en un grand charivari et en
conséquence chacun se gave et ensuite va dormir. Manger, dormir, manger, dormir … les premières
semaines devraient toujours s’écouler de cette manière. Ils s’habituent très bien aux vers de farine en
fait ils y sont réellement accroc. Durant l’été vous pouvez attirer le groupe avec quelques vers par
poussin. Ne pas exagérer bien sûr ce n’est jamais bon. Également du fromage râpé et des oeufs cuits
constituent un excellent stimulant. Le plus grand avantage est que vous stimulez l’appétit des
poussins moins actifs. Sans l’intervention de l’éleveur se sont toujours les mêmes qui sont dans le bac
de nourriture et les mêmes qui sont là à attendre. L’écart de base s’agrandit continuellement. Les trois
premières semaines sont importantes. Si vous mettez régulièrement le groupe en branle, après
quelques jours vous attirerez aussi les moins actifs.

Les vers de farine sont faciles à élever et deviennent un aliment intéressant pour l’élevage des jeunes.

L'eau c'est la vie


L’eau fraiche est en tous cas l’hormone de croissance la plus importante. En tant qu’éleveur on
doit y consacrer un maximum de temps. Il est bien connu que les poules boivent de moins en moins
en fonction de l’élévation de la température de l’eau. S’ils ne boivent pas, ils ne mangent pas non plus. Cela se voit très bien durant les canicules. Les animaux ont trop chaud, ils halètent ou sont couchés à même le sol, en groupe, bec ouvert. Ils boivent à peine et ne mangent pas du tout. Si vous leur donnez de l’eau fraiche, tout le groupe s’active, ils vont boire directement, se rafraîchissent et vont immédiatement manger. Si vous voulez faire traverser la canicule au groupe avec la meilleure
croissance possible, vous devez être particulièrement présent avec de l’eau fraiche, le plus possible
également tard le soir, juste avant qu’ils aillent dormir. Même par des journées plus fraiches renouveler l’eau régulièrement est essentiel. La farine de nourrissage qui colle au bec salit l’eau très
rapidement. Ils boivent alors beaucoup moins. Ils n’aiment pas non plus une pellicule de poussière
surnageant sur l’eau.

Observer, soigner, vacciner


Il est préférable de donner régulièrement une quantité dosée de nourriture. Journellement par
exemple et si possible plusieurs fois par jour. Préférable aux grandes trémies où il entre de la
nourriture pour plusieurs jours. De la poussière sur la nourriture coupe l’appétit. De la nourriture
fraîche fait manger, ouvrir un nouveau sac fait manger. Vous avez aussi une meilleure appréciation de la condition physique de vos poussins. Vous découvrez plus rapidement les problèmes lorsque
quelque chose ne va pas. Il est très important de s’exercer à cela. Si les poussins ne sont pas
présents au nourrissage, vous devez en tant qu’éleveur en être rapidement alerté.

Parce que des poussins en pleine croissance ne doivent, de préférence, jamais être malades. Jamais
de vers, jamais de coccidiose. Jamais de diarrhées. Chaque maladie arrête la croissance. Chaque
cure médicamenteuse aussi. Une cure préventive aussi. La vaccination non, c’est un
apprentissage. Effectuer un programme de vaccination de vos poussins c’est comme envoyer vos
enfants à l’école. Le système immunitaire de vos poussins apprend à connaître le pathogène, il se
protège et stocke toute cette connaissance dans une sorte de mémoire. Donc je vaccine pour les virus
les plus courants et aussi contre la coccidiose. Dans l’ancien « Vlaams Neerhof » le vétérinaire Filip
Boel a parfaitement décrit comment cela doit se passer et de mon expérience personnelle je peux
confirmer que des poussins vaccinés passent beaucoup plus vite au travers de ce printemps humide.
Chaque cure contre la coccidiose donne plus de possibilité de moisissure (défauts) dans les plumes. Il
en est de même pour une cure préventive superflue.

Pour contrecarrer les vers j’utilise régulièrement des herbes qui embêtent les vers. De l’absinthe, de la
tanaisie, de la rue, de l'armoise et le plus important de la sauge. A donner régulièrement. Ne pas
exagérer parce que le turion qui s’y trouve est toxique en trop grande quantité et brusquement. Il ne
faut pas s’affoler trop vite, je ne les ai jamais rendus malades par la nourriture et parfois leur ration
journalière constitue pour plus d’un quart de ces vermifuges.

Trop de verdure n’est pas bon non plus pour les poussins. Cela peut causer des plumes plus minces
et moisies parce que le taux de protéines devient trop fable. L’exagération est nuisible, en tout. La
régularité est de mise. L’expérience vous apprendra rapidement quelle est la dose idéale. Chez moi
80% de la verdure a disparu au bout de 10 minutes. D’ailleurs ils l’attendent. Je n’ai pas l’impression
que mes animaux mangent moins de nourriture d’élevage parce qu’ils reçoivent autre chose, au
contraire. J’ai toujours constaté que pour l'orpington Fauve GR c’est un grand avantage que de leur
donner de la verdure hachée. Une plante et des morceaux trop grands pour qu’ils puissent les avaler
d’un coup ne les intéressent pas. J’ai par exemple essayé de suspendre les plantes en bottes mais ils
en mangent beaucoup moins. Pour d’autres races c’est peut-être un problème mineur.

Prévoyez des obstacles dans l’espace qui font que les coqs se taquinent moins. Prévoyez plusieurs places de nourrissage de telle sorte que les coquelets qui sont plus bas dans la hiérarchie aient également leur chance. Ne soyez pas crédules quand on vous dit que des coquelets situés plus bas dans la hiérarchie ne deviendront jamais de beaux spécimens. Ils ont plus de difficultés, bien sûr. Ne faites donc pas un trop grand groupe et employez toute votre créativité pour que chaque animal aie sa chance. Mon système : au moins deux abreuvoirs par parquet et encore plus de mangeoires. Quand on les nourrit chacun doit trouver une petite place pour pouvoir manger sans recevoir des coups. S’il y a encore des poussins qui galopent sans trouver de place alors il faut certainement ajouter une mangeoire.

A l’automne les noix arrivent. Je donne des châtaignes, des glands, des marrons sauvages et beaucoup de noix. J’ai planté les arbres dans les espaces lorsque j’ai commencé les orpingtons
fauves pour augmenter l’ombre. Je ne dois donc pas aller loin. A l’approche de la saison des
expositions, les jeunes coqs presque adultes restent encore groupés. Je jette alors un seau de
diverses choses et ils en ont pour la journée à dégoter le dernier petit brin. Les noix, les châtaignes et
les glands conduisent les grandes et lourdes races idéalement à leur poids et en bonne santé sans
qu’ils deviennent lourdauds et empâtés. De la sorte vous obtenez des ours costauds !!

Paul Cuypers

6 commentaires:

  1. merci pour les leçons,
    je suis un jeune éleveur et je conné rient de rien dans élevage j’ai l'amour de faire, cava beaucoup m’aidai.
    merci encore

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  2. Un article très très intéressant qui posent les fondements de l'élevage ! Bravo !

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  3. magnifique leçon, pour aider nos petits orpis, j'ai 7 petits qui viennent de naître cette nuit , il me tarde de les voir grandir et surtout les couleurs , le papa et plash, et j'ai 1 lavande et d'autre couleur, on verra les mèlange, de toute façon je les trouve beaux .
    Affectueusement à tous

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  4. Bonjour,
    D'abord merci pour cette mine d'informations!
    Jeune éleveuse, me voilà "maman" de 16 orpingtons, malheureusement je ne sais pas comment faire pour les sexer. Y aurait-il une méthode particulière? Merci beaucoup. Cordialement. Cécile

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  5. nath-foucaud@hotmail.com22 juin 2016 à 12:02

    Merci beaucoup pour vos conseils d'élevage qui vont bien me guider car j'en suis à mes débuts. Bien cordialement. Nathalie

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