mardi 29 novembre 2016

Will Burdett, Mister Orpington à jamais

C'est au mois d'octobre dernier que nous apprenions la disparition de Will Burdett, un des "gardiens" de la race Orpington en Angleterre.

La passion de l'Orpington est certainement un gène familial puisque le père de Will, John, créa en 1927 la première Orpington naine variété noire. Will créa par la suite les variétés bleue et blanche toujours en naine. Will Burdett, en plus d'être un éleveur de haut niveau fut aussi un auteur prolixe en ce qui concerne l'Orpington : il est à l'origine d'un ouvrage de référence "The Orpington Fowl" dont la première édition a inspiré le logo de notre club national ... une forme d'hommage assumée.

C'est d'ailleurs avec cet esprit d'hommage respectueux que nous vous proposons une interview de Will Burdett publié en 2013 dans le magazine anglais "Fancy Fowls" et pour lequel nous avons eu l'accord de traduction.

Interview de Will Burdett en décembre 2013 pour le magazine Fancy Fowls


Monsieur Will Burdett n'a plus besoin d'être introduit dans le monde de l'aviculture. Son affinité avec la race Orpington et son dévouement pour celle-ci depuis plusieurs dizaines d'années ont fait que toute sa vie est liée à l'aviculture et également à la famille Royale d'Angleterre.

D'après vous, après toutes ces années, quelle est la couleur qui représente la quintessence de l'Orpington et du type idéal ?

W.B. :  La variété noire - qui est la première création de William Cook, à qui il donna le nom d'Orpington en relation avec le nom de son village natal du même nom - est certainement la plus représentative. L'Orpington est une des rares races dont le créateur est connu. Les dessins du très connu dessinateur JW Ludlow illustrent d'ailleurs ces premières Orpingtons noires représentant ainsi le type parfait en ce temps-là.
De nos jours, les Orpingtons noires continuent à promouvoir le type Orpington. Une autre couleur notable est la couleur fauve, qui a toujours maintenu un certain attrait pour la race ; un  double attrait  d'ailleurs, en tant que sujet d'exposition et sujet pour la table (oeufs et viande).

Avec les sujets d'aujourd'hui, quelle est votre opinion sur les grandes races, et quelle serait la couleur qui les représente le mieux ?

W.B. :  Je suis particulièrement content que les grandes races conservent une importance de taille chez les éleveurs et les amateurs. Je suis particulièrement content que les noires et les fauves rivalisent sur un pied d'égalité aujourd'hui, les deux variétés se concurrencent souvent pour le titre de championnes.

Et qu'en est-il des races naines, comment se portent-elles ? (Certaines personnes pensent que les bleues et les noires sont trop grandes, que les blanches ne sont pas assez duveteuses, et que les fauves sont un peu entre les deux). Maintenant il y a eu des améliorations au niveau des blanches et des fauves, est-ce une évaluation équitable des races naines d'aujourd'hui ?

W.B. :  Oui, une évaluation équitable, sauf qu'à mes yeux, les bleues sont d'une taille idéale pour une
Orpington naine. Les noires continuent à dominer. Les fauves naines, au contraire de leurs homologues en GR, ne sont pas homogènes et donc il n'y a pas d'éleveurs qui remportent de prix. Est-ce que croiser des GR fauves avec des naines est une bonne réponse (comme en Australie) ? Ce croisement est discutable. De même, les blanches ont besoin de nouveaux éleveurs enthousiastes pour travailler dur.

Votre père John Burdett a créé l'Orpington noire naine et vous avez créé l'Orpington bleue naine et
l'Orpington blanche naine. Quelles sont les informations accumulées au cours de toutes ces années que vous pouvez nous donnerou comment cette race a été miniaturisée ?

W.B . : Mon père John a élevé vers le bas c'est-à-dire en utilisant toujours les plus petits sujets, et il a en plus réalisé des croisements avec des naines d'autres races pour créer l'Orpington naine noire. Et pour les bleues et les blanches, j'ai croisé avec différentes races. Tout cela est paru dans le journal d'aviculture à ce moment-là. Et ces informations ont été répétées régulièrement dans le journal annuel du club. Elles sont aussi disponibles dans mon livre « The Orpington Fowl ».

Beaucoup d'amateurs et d'éleveurs pensent que les expériences et le savoir des anciens maîtres sont
perdus, quel(s)serait le(s) conseil(s) que vous partageriez avec un éleveur aujourd'hui afin de se faire
une lignée ?

W.B. : Aujourd'hui, comme avant, il n'y a pas de formule magique ! Beaucoup de travail, du dévouement et toujours faire attention aux détails, sont quelques-uns de mes conseils ; et moins de télévision et d'ordinateur ! Perpétuer une lignée en Orpington ou pour les autres races d'ailleurs, demande une attention particulière aux facteurs liés à la reproduction, comme la production d'oeufs, la fertilité et l'éclosion, tout en continuant une reproduction croisée (père X fille, mère X fils …). Il faut évidemment  garder un oeil sur les exigences du standard de la race.

William Cook et sa famille sont connus pour avoir créé la première Orpington (la noire ainsi que d'autres couleurs), mais que doit-on à Joseph Partington pour avoir créé l'Orpington d'exposition ?

W.B. :  Incontestablement, les noires créées par Joseph Partington ont influencé la "carrière" de l'Orpington. L'ampleur de l'animal et ses plumes duveteuses en faisaient un sujet idéal d'exposition. Il  a plu à beaucoup d'éleveurs enthousiastes, ainsi que ma famille d'ailleurs, et il a alors défini le type de l'Orpington noire d'exposition. L'Orpington noire d'exposition a eu tendance à étouffer la progression des autres couleurs, sauf la fauve qui avait alors ses propres atouts. En avançant dans le temps, en 1960, il y a eu la menace d'extinction liée à la politique d'abattage à cause de la peste aviaire, ce qui  a amené à l'ère moderne, où toutes les couleurs d'Orpington sont alors devenues une seule et même famille.

Vie Personnelle

Lorsque l'on pense à Will Burdett membre de l'Ordre de l'Empire britannique (titre honorifique comme l'Ordre de la Légion d'Honneur), quiconque qui vous connaît sait que si ce titre vous honore, il ne doit pas faire oublier vos véritables compétences d'éleveur et elles sont nombreuses. D'ailleurs, pourriez-vous nous indiquer de quelles autres races vous vous êtes occupé dans votre carrière ?

W.B. :  Au cours de mes années d'élevage, j'ai élevé des Plymouth Rock en naine et variétés fauve, blanche et barrée ainsi que des Sussex en GR et RN et de la Barnevelder en GR et RN aussi (et beaucoup d'autres). J'ai gagné tous les titres champion de club régulièrement, mais le plus beau trophée a été en 1963 au show international à Olympia où j'ai été champion d'exposition avec un coq Plymouth Rock fauve. J'ai été très impliqué avec les clubs de la Plymouth Rock, Sussex et Barnevelder. J'ai été président de tous ces clubs. Et je suis aujourd'hui membre d'honneur à vie de ceux-ci.

Pouvez-vous nous raconter votre relation avec la Reine Elisabeth, la Reine Mère, amatrice d'Orpington ?

W.B. :  J'ai des souvenirs merveilleux, une relation inoubliable ! La Reine Mère a toujours eu un vif intérêt pour ses orpingtons fauves, depuis sa jeunesse à Glamis et avec son mentor Arthur Hammond Brown à Sandringham. Elle était familière avec toutes les subtilités de la race. La Reine Mère a eu un parcours très brillant avec ses Orpingtons dans beaucoup d'expositions incluant le championnat du club Orpington Fauve, Royal Norfolk, Royal Cornwall et d'autres... Des occasions au cours desquelles j'ai partagé de bons moments avec sa Royale Majesté quand elle passait.

En quelle année avez-vous reçu l'Ordre de l'Empire Britannique et quel effet cela vous a-t-il fait ?

C'était mieux que de gagner n'importe quel prix ! En 2006, ce fut un honneur, un privilège et un plaisir de recevoir cette récompense. Je n'ai jamais été sûr que « Service rendu à l'Aviculture » assimile les 40 années dans le monde de la volaille, les 60 années avec le Poultry Club ou les 25 années avec le Club Royal d'aviculture. Quelle qu'en soit la raison, cela donne un sentiment d’importance !

Élevage des animaux

Quelles sont les bonnes conditions pour l'élevage des Orpingtons – en matière de paillage, parcours,
nourriture, espace....?

W.B.  : Comme pour les « anciens », l'élevage en plein air est ma manière d'élever les Orpingtons. De la bonne herbe tondue, de grands parcours, de l'eau claire et fraîche à tout moment et un système pour protéger les sujets du soleil, car celui-ci a tendance à blanchir les plumes des animaux. 
Du 1er jour à 8 semaines, j'utilise de la miettes pour dindon de très bonne qualité et j'utilise en litière des copeaux de bois, et également une lampe chauffante. Et surtout en plus, de l'air frais tout le temps, c'est gratuit ! 

J W Ludlow artiste des volailles (voir article)
Qu'en est-il des jeunes coqs ? Quand ils sont séparés pour les expositions et que l’on n’a pas besoin
d'eux pour la reproduction, comment faîtes-vous pour les empêcher de «déprimer», ou d'être perturbés ?

W.B. :  Bonne question ! Premièrement, dans les volières avant le show, assurez-vous que les mangeoires et les abreuvoirs sont facilement accessibles et bien utilisés. Les jeunes mâles ne sont pas curieux et actifs comme les femelles. De retour de l'exposition, mettez les coqs à côté d'un parquet de poules, et s’ils sont toujours tracassés, perturbés, mettez-leur une poule.

Au niveau de la nourriture et du grain, complétez-vous la nourriture pour obtenir du gabarit et une bonne santé ?

W.B . : J'ai élevé avec du grain et de la pâtée et je suis passé avec le temps aux produits
commerciaux complets (pellets). Aujourd'hui, je suis revenu avec 50 % de grain (blé). Le résultat ? Des grosses poules heureuses et des champions heureux ! Et des frais en moins !

Quel dernier conseil pourriez-vous donner à quelqu'un qui voudrait faire l'élevage d'une race ?

W.B  : Les opportunités aujourd'hui n'ont jamais été aussi bonnes quant au choix d'une race. Je dirais : étudiez le standard de la race que vous avez choisie et allez discuter avec les éleveurs qui maîtrisent bien cette race. Idéalement, spécialisez-vous dans une race à la fois.

Traduction et adaptation, Stéphane Desmette et Philippe Royer

Merci à Fancy Fowls -http://www.fancyfowl.com

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